Le Livre de Job |
Le genre littéraire du livre de Job est juridique et le modèle littéraire est celui de la plaidoirie.
L’hébreu employé est archaïsant, poétique et donc difficile à traduire. Il utilise des mots rares, voire uniques au livre de Job. Les traductions sont donc des interprétation.
Il est LE plus ancien livre inspiré de la littérature hébraïque, contemporain du Pentateuque.
Le livre de Job aurait été écrit par Moïse, peut être Job lui même. Il comprend 42 chapitres.
Job retrouve la prospérité Laurent de LA HIRE 1648 |
Job proteste de son innocence, puis il y renonce. A la fin Dieu déclare que Job est innocent, puis ne l'est pas.
Selon les traductions, Job est pieux (grec), Job est révolté (latin).
L'intégrité est souligné, pour augmenter la dimension théologique de l’œuvre primitive, ce qui donne de la crédibilité aux accusations par sa femme, Satan (qui est le témoin céleste) et ses 3 amis.
Dans le livre de Job, Dieu est écrit : Eloah ou Yahvé, sauf pendant le discours sur la sagesse (Elohim Adonaï).
Tout ceci laisse penser qu'il y a eu des ajouts et que le Livre de Job est une œuvre composite qui a eut au moins cinq étapes :
Le premier récit est simple, il présente Job et sa richesse, qui a réussi dans la soumission de Dieu. Cependant le malheur tombe sur lui, il perd tout.Yahvé restaure la situation de Job. Dans ce récit, l'acteur principale est Yahvé, car Job y est passif, subit, obéit (cf Abraham). L’intérêt est de présenter la souveraineté de Dieu qui donne et qui reprend librement, tout dépend de Dieu, il n'y a pas de lien entre prospérité et moralité. C'est sur cette base principale que s'appuieraient les "évolutions" de l'écriture du livre de Job.
La seconde étape ajouterait les discours alternant entre Job et ses amis, tel un débat théologique sur la justice de Dieu dans ces actes de domination. Le débat est conclu par le premier discours de Yahvé, qui donne tort à la thèse de Job. Job le reconnaît.
Pour comprendre cela, il faut connaitre la situation du peuple élu après l'exil, il est dominé par d'autres peuples puissants. Alors il y a deux façons de penser pour expliquer ce résultat : le peuple a péché, Dieu le punit. Ou bien, le peuple élu est composés de Justes, Dieu ne donne pas ce qu'il a promis, ce à quoi nous sommes en droit d'espérer, Dieu est donc injuste.
S'en suit une plaidoirie de chacune des thèses, les accusations, les défenses, le procès se clôt par le jugement de Dieu. Job a tord, il n'a pas compris Dieu alors il le croit injuste. On ne doit pas demander à Dieu de rendre des comptes sur sa manière de gérer le monde.
La troisième étape de la rédaction du livre de Job, nous amènerait donc semble t il sur le débat théologique sur la Création et la Providence. Deux avis s'affrontent : Les 3 amis de Job pensent que la morale lie le Mal et le malheur, le Bien et le bonheur. Job quant à lui pense que ce n'est pas conforme aux faits, il s'en prend à Dieu, il mets en cause son action dans le monde.
Dieu alors intervient est répond : Dieu est le maître du monde, de toutes les puissances, de la nature... il a tout créé. Il y a non lieu, il est vain de vouloir juger Dieu, Job s'incline, il est débouté de sa plainte.
Mais des questions de Job restent sans réponses claires, sur le Mal surtout... alors c'est pourquoi le livre a été certainement été repris afin d'essayer d'y répondre, ce qui nous amène à la quatrième étape :
L'auteur renverse partiellement le sens du livre et fait de Job un personnage idéalisé, il n'est plus qu'un simple théologien débattant, il est l'acteur qui résiste à la tentation et à la persécution qui vient de Satan. Dans l'introduction en prose, on ajoute ce qui souligne la Justice : Job offre des holocaustes à cause de l'imperfection de ses fils. Les malheurs de Job sont justifiés par l'arrivée de Satan, qui a pour effet de montrer que Dieu estime Job, alors les épreuves ne sont pas là que pour vérifier ce que Dieu sait déjà mais pour le manifester publiquement. Les ajouts en prose souligne l'intégrité de Job, il continue de mettre sa confiance en Yahvé malgré tout ce qui lui est infligé.
Jérusalem est sous la domination perse, tout comme le peuple juif était sous la domination du pharaon en Egypte. Le peuple élu est encore une fois le peuple des pauvres. Il faut donc tenter de donner des éléments à celui ci pour qu'il accepte, si ce n'est comprendre, les décisions de Dieu, car on ne peut plus expliquer la destruction de Jérusalem par le péché (2 et 3ème étape) et culpabiliser le peuple.
Alors l'exemple de Job est donné : Dieu a décidé de sauver Job, il a décidé de libérer son peuple d'Egypte (Exode) DONC : Dieu décidera de sauver Israël de la domination perse si son peuple est intègre et juste comme Job.
Un nouvel acteur est introduit : Satan, correspondant parfaitement à l'agent du mal, notion dualiste perse.
La souffrance est donc expliquée comme générée par Satan et acceptée par Yahvé pour éprouver la fidélité du peuple. Le peuple élu est le véritable témoin de cette fidélité.
La cinquième étape :
L'ajout du discours d'Elihu et du deuxième discours de Yahvé, sont là pour montrer que Dieu a le dernier mot.
Dans les versions précédentes du discours sur la Sagesse, elle était inaccessible. A présent, la Sagesse est accessible. La Sagesse est identifiée à la crainte de Dieu et à la droiture morale.
Comme il serait encore plus compliqué de modifier à nouveau les discours des précédents acteurs du Livre de Job, un quatrième personnage est introduit : Elihu. Et celui ci condamne Job et reproche aux 3 amis de Job leur faible puissance de conviction. L'argumentation des amis de Job est bonne mais elle n'a pas été dite avec assez de conviction. Alors la souffrance infligée à Job devient une correction de son orgueil et de ses erreurs, se pensant irréprochable, celle ci est bonne car elle sert à guider Job dans la vérité, loin de l'erreur et de la mort. Elihu lui détaille alors ses erreurs.
Celui ci devraient être reconnaissant envers Yahvé de toute ces attentions.
Elihu accuse Job d'avoir fait partie des méchants (34:7-8) et puisque Dieu est juste, alors le sort de Job est mérité ! (35:8) Job n'écoute pas Dieu quand il parle et le dit absent et silencieux à tord. (34:14). Job est coupable, la rétribution est juste, la justice de Dieu est implacable : il récolte ce qu'il a semé. (33:19 et 35:5-12) Job est placé en adversaire de Dieu, l'accusateur devient l'accusé.
Alors que Yahvé maitrise tout, même les puissances du Mal (Béhémoth, les montres etc...) Job a osé accuser Dieu, il a donc manquait de crainte de Dieu (et donc de Sagesse).
Job, ayant tout perdu, même ses ultimes convictions, il abandonne celles ci. Il reconnait avoir été dans l'erreur, ainsi que son ignorance, il confirme sa folie et sa prétention, il ne connaissait pas réellement Dieu. Enfin, il s'humilie pour bien marque la place qui lui est sienne : petite et très humble (pénitence sur la poussière et sur la cendre).
On voit donc que Job à présent à tord, alors qu'il avait raison auparavant après cette 5ème étape.
Elihu rappelle à Job et ses amis tous leurs torts et les accable, bouleversant les versions du texte précédentes.
C'est encore une fois sur le contexte historique qu'il faut s'appuyer pour comprendre ces modifications présumées.
La Sagesse est la clef, on la retrouve dans plusieurs textes et en particulier dans livre apocryphe l'Ecclésiastique écrit au tournant du IIème siècle avant JC, le livre de Baruch et le livre de Tobie (Job 33:23). La Sagesse y est fortement liée à la crainte du Seigneur. Ces textes sont moralisateurs et appellent à l'humilité.
Les visions opposées qu'il y a entre la Sagesse de l'Ecclésiastique et l'Ecclésiaste illustrent bien le problème et le choix qu'ont fait certains de retenir l'un et pas l'autre.
La Sagesse est représentée comme une personnification de la Sagesse divine. Elle est pour le disciple une mère, une compagne, une sœur. La rechercher, c'est atteindre Dieu.Vivre avec elle, c'est vivre avec Dieu.
Au IIIème et IIème siècle avant JC, la théologie n'est plus celle des temps anciens où le peuple était pauvre, errant etc... la nouvelle rédaction par cette 5ème étape vient intégrer le contexte politique de la relative autonomie de Jérusalem dans ces temps là. Il n'y a plus d’oppresseur ni d'opprimé, il y a moins de pauvres, le débat avec l'hellénisation commence. Des tensions et des divisions se font sentir dans la communauté juive de l'époque, entre ceux qui sont pour l'hellénisation, liés au rois d'Egypte, et les autres. Des sectes juives se créent. Des textes sur la Sagesse s'impose donc, pour faire barrière à la prétention de la sagesse du monde grec. D'où la présence des monstres (qui sortaient un peu de nulle part, obscurcissant le second discours de Yahvé) les Béhémoth et autres Léviathan. Ce sont des monstres primitifs et les représentations des puissances politiques ainsi que des animaux égyptien.
Sources : Bible et Wikipédia
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